« JE VOUS DIT QUE JE VEUX PAS Y ALLER ! » Tu hurles sur tes parents en pleurant. Tahiti, c'est loin. Tu risques de ne plus jamais voir tes amis, de ne plus jamais voir ton petit ami, Lewis. Ta meilleure amie, Abi', va vraiment te manquer. Ta mère te regarde avec un air désolé et t'entraîne dans ta chambre.
« Ecoute, ma chérie. Je te promets qu'on reviendra ici, c'est juste le temps de s'éloigner un peu, tu reviendras à tes dix-hui ans, d'accord ? » Le ton doux de ta mère ne peut faire qu'une seule chose ; te calmer. Tu ne veux pas lui faire de peine, alors tu lui fais un sourire triste et tu colles un baiser sur ta joue.
« D'accord, maman, mais c'est pour te faire plaisir. Kaliska peut m'aider à faire ma valise ? » Kaliska, c'est ta sœur. Tu l'aimes beaucoup, même si elle est un peu collante au niveau scolaire. Mais tu en es proche. Ta mère hoche la tête et appelle ta sœur, qui te rejoins.
* * *
Tu souris à ta mère, un sourire qui se fait à la fois timide et reconnaissant. Ton père va avoir la surprise, quand tu vas revenir chez toi, de découvrir ta nouvelle coupe de cheveux ; une coupe garçonne, malgré tout assez longue. C'est un accord avec ta mère. Ça fait ressortir tes yeux bleus, en plus. Le coiffeur réunis tes longs cheveux en un chignon, qu'il coupe. Tu as les yeux fermés, tu ne veux voir que quand ce sera fini. Tu entends le coiffeur discuter avec ta mère quand ton I Pod passe d'une musique à une autre et quand il te tape sur l'épaule, tu enlèves tes écouteurs.
« Vous pouvez regarder, mademoiselle. » Tu ouvres les yeux et tu découvres un nouveau toi. Ta coupe garçonne met en valeur ton visage anguleux. Tu souris de toutes tes dents, qui sont parfaitement alignées. Maintenant, tu as changé, tu es presque une adulte, du haut de tes seize ans.
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« Mais Kali ! S'il te plaît ! Tu pourras même m'aider pour mes devoirs, si ça te fait plaisir ! » Ton intonation se fait suppliante, et pourtant, ta sœur continue de refuser. Tu serres les dents, en face de ton ordi. Vu que tu es sur skype, tu sais qu'elle le voit. Mais tu t'en tapes, même quand elle te le reproche. Tu vas jusqu'à lever les yeux au ciel pour lui montrer qu'elle te fait vraiment chier avec ses arguments à la con. Tu demandes à ta grande sœur, de qui tu étais jusque là très proche, de t'héberger pour que tu puisses aller à la fac. Et, alors qu'elle te l'avait promis quand vous avez déménagé, alors qu'elle t'aidait à tout empaqueter, elle trahit sa promesse, sans même être capable de te donner une raison qui ne soit pas bidon. Tu la regardes, énervée.
« J'te déteste ! » Tu lui affirmes avant de cliquer sur le bouton raccrochant, ignorant le fait qu'elle te rappelle.
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« Maman ? C'est moi. Faut que Kaliska vienne me chercher après demain à la sortie de l'avion. Mais faut pas qu'elle sache que c'est moi. Tu peux arranger ça ? Merci, maman. JE t'aime fort. » Tu affirmes à ta mère, un sourire sur les lèvres. Tu entends frapper, et tu soupires. Tu attends qu'il entre. Tu le détestes. De toute ton âme, de tout ton être. Il arrive et il t'embrasse. Tu réprimes une grimace de dégoût et lui rend son baiser en le laissant te tripoter au passage. Tu regrettes qu'il t'ai sauvé de cet attentat à la voiture piégée. Tu le regrettes de tout ton être, puisque ce n'est qu'un sale profiteur. Il te fait sortir avec lui, la main dans ta poche arrière de jean, il en profite pour te tripoter. Tu affiches un sourire forcé. Bientôt, tout ça sera fini. Le lendemain soir, tu pars en avion, loin de cet enfoiré qui était amoureux de toi alors que ce n'était pas réciproque.