CITY ¤ B. Wilhemina Rhodes

Toute ta vie, tu as essayé d'être la gentille fille à papa et maman. Celle qui fait toujours tout bien, comme ta grande sœur. Comme tes grandes sœurs, même. Tu en as six avant toi. Famille nombreuse. Tes parents voulaient un garçon, ils n'ont jamais réussi à en avoir un. Ils n'avaient pas de chance, il faut croire. Ils se sont arrêtés après ta naissance. Tu as grandit heureuse, la petite dernière, la chouchoute, tu as toujours adoré cela. Puis est venu le temps de passer à l'âge adulte, l'université, tout cela. Et c'est là que le changement s'est véritablement amorcé.

Tu danses à une soirée avec tes amies, tu t'amuses jusqu'au bout de la nuti sans plus. La danse, ça t'amuse, tu as l'impression de jouer un rôle quand tu sors ainsi. Une seule chose manque pour que tu sois parfaitement heureuse et que tu oublies toutes tes peines, tout tes chagrins. Keiko. Ta meilleure est partie depuis quelques temps, depuis une semaine après son anniversaire, en Août. Elle te manque, c'est certain, mais tu n'oses pas demander à tes parents si tu peu aller la rejoindre. Bien entendu, vous gardez contact et vous vous parlez souvent par Skype, mais ce n'est pas pareil. Rien ne peux remplacer un vrai contact en chair et en os et tu le sais bien. Keiko le sait aussi, d'ailleurs, du moins du l'espères. Un jour, tu sais bien que tu iras aux Bahmas et que tu retrouveras ta meilleure amie, mais tu ne sais pas quand.

Tu es la septième d'une famille de sept enfants. Ta vie n'a pas toujours été facile, bien au contraire. Mais tu avais des parents aimants, et tu as taché de t'habituer à partager ta chambre avec la deuxième sœur la plus jeune après toi. Ce n'est pas facile, mais il y a une bonne entente entre vous sept, heureusement, d'ailleurs, car sinon ce serait juste insupportable. Mais tu essaies au minimum d'être une fille sage et qui s'en sort en cours. Pour ça, tu bosses beaucoup. Il y a également ta grande passion, le théâtre. Tu en fais depuis que tu es petite, c'est le loisir que tu as choisi quand tes parents t'ont demandé ce que tu voulais faire comme activité, et tu n'as jamais arrêté, ça fait maintenant treize ans. Cela t'a aidé à te débarrasser de ta timidité et désormais tu as ta passion. Tu prévois même d'en faire ton métier.

Il y a aussi ta seconde passion, la photo. Dans ta chambre, tu as une dizaine d'appareils photos, des vieux comme des neufs qui n'attendent qu'une chose, à savoir que tu t'en serve. Tu t'en es déjà servie, bien entendu, et tu as fait développer les pellicules de tes photos pour découvrir ta vie, du moins en partie. Tu as réunis toutes ces photos dans des albums que tu as laissés posés dans le tiroir de ta table de chevet. Tu l'ouvres et prend un album, ton favori. Tu regardes les photos. Pas mal sont de toi avec Keiko, effectuées grâce à un polaroïd qui imprime instantanément les photos qu'on fait. C'est des souvenirs, et c'est ce qui me remonte le moral. 

« Wiwi, tu viens s'il te plaît ? Faut qu'on te parle ! » Ta mère t'apelle et tu descends les marches quatre à quatre. Tes parents sont assis dans le salon et une enveloppe avec ton nom dessus est posée sur la table. Ils te demandent de t'asseoir face à eux, tu t'exécutes. « Tu sais si Keiko a prévu de revenir ici ? » Te demande ta mère. Tu secoues la tête à la négative. Non, elle n'a pas prévu de revenir. À ce que tu as compris, les Bahamas c'est un endroit génial. « Parfait. Enfin, non, mais ça colle bien d'une manière. » Tu penches la tête, ne comprenant pas tout. Ton père te tend l'enveloppe à ton nom. « Avec le reste de la famille on s'est réunis pour te faire un cadeau. Un vol première classe en direction des Bahamas. » Aussitôt, tes yeux noisette se mettent à briller et tu fais un sourire ravi. « Et on a déjà postulé pour toi à l'université, tu as été acceptée. Tu peux partir là-bas, tu peux rejoindre Keiko, si tu le veux toujours.... » Ta mère est en train de te rendre plus heureuse que jamais. Tu la regards et tu lui sautes au cou, tu la serres fort contre toi. « Tu pars demain. » Ajoute ton père. Tu le serres lui aussi, limite jusqu'à l'étouffer. Puis ta mère monte avec toi pour t'aider à faire a valise, direction les Bahamas. Direction la vie d'adulte.